Nouveau marketing et nouvelles technologies pour les femmes : quand les objets connectés entrent dans votre quotidien pour le meilleur et pour le pire.
Si les femmes sont connectées en permanence à internet, les entreprises commencent à connecter au féminin (pinceau de maquillage relié à son téléphone et qui permet de savoir quelle quantité de poudre la femme met sur sa peau, miroir, montre, etc.). Ces objets dits connectés collectent, stockent et traitent les données pour réagir en fonction de leur environnement. Cette révolution technologique va-t-elle changer la vie des femmes ? Ou n’est-ce qu’une gigantesque couche de vernis visant ce que les objets connectés sont peut être : une arme redoutable pour collecter des informations sur les femmes et leur vendre tout et n’importe quoi ?
Etre une femme connectée, c’est (pas) si facile
Pour comprendre si les objets connectés changent la vie des femmes, observons le parcours matinal d’une femme connectée. Tout d’abord, l’objet connecté peut permettre, entre autres, à la mère de rester reliée à son enfant. Ce dernier est la préoccupation principale des parents. Un bracelet connecté à un nourrisson donne des informations en temps réel à sa mère sur son smartphone, géolocalise sa position, lui donne le pourcentage d’humidité de la couche du bébé… Bref, la mère peut dormir sur ses deux oreilles : son smartphone veille sur lui. Alors que le réveil sonne sur son iPhone, la maman allume la télévision, connectée au miroir de sa salle de bain. Elle peut regarder les informations tout en se préparant ; et si une idée de cadeau lui vient en regardant son émission, elle ne va pas prendre tout de suite son téléphone pour l’acheter : la femme est encore retorse à l’achat via smartphone même si ce dernier peut être la source d’information à l’origine de l’achat.
En ouvrant une application Guerlain maquillage, elle va pouvoir visionner par réalité augmentée, quel maquillage lui va le mieux aujourd’hui, sans même avoir passé un pinceau sur son visage. La balance connectée lui donnera ensuite toutes les informations sur son état de santé.
Sortie de la douche connectée où elle a pu suivre l’émission de télé qu’elle suivait sur sa glace, elle se dirige dans la chambre de son enfant : un réveil avec des fenêtres intelligentes (vitres photovoltaïques), qui selon la luminosité dehors va laisser rentrer la lumière adéquate lui permet de donner un premier baiser ensoleillé à son enfant. Ensuite, direction la cuisine où le frigidaire connecté permet de savoir exactement quel produit est ou non périmé. Et si son enfant râle car il n’y a plus de Chocapic, la maman va en un clic les commander sur le panneau du frigo connecté – alors que celui ci transmet sur sa face vitrée l’émission de télévision qu’elle regardait de son miroir de salle de bain. Le frigo va également présenter la météo du jour : et si madame vit dans des contrées très froides, un simple clic de son téléphone portable en finissant le petit déjeuner lui permet de démarrer la contact et le chauffage de sa voiture afin que celle ci soit à bonne température lorsque la famille rentrera dans le véhicule.
De même, un simple check sur son smartphone et la maison est sous surveillance avant de partir au travail. Le futur connecté s’annonce des plus aisés, et la journée n’est pas encore commencée. Les exemples sont en effet pléthores : grâce aux miroirs connectés des armoires intelligentes, les américaines choisissent leur garde robe sur l’écran avant même d’avoir passé le moindre vêtement ; les miroirs intelligents vous proposent des publicités ciblées pour Zara ou Thierry Mugler. Une start up française, Nice Road (le « UBER français »), spécialisée dans le VTC haut de gamme a décidé de cibler les femmes qui font du shopping. L’application Nice Road leur facilite la vie en leur offrant des voitures avec chauffeur au quotidien. Plus récemment encore, une entreprise a lancé un sex toy connecté. La femme est « équipée » de ce sex toy, et son conjoint(e), lui, contrôle ce sex toy grâce à son téléphone portable. Du papier toilette connecté pour nourrisson afin de savoir si l’enfant est en bonne santé (!) au préservatif connecté que vient de lancer Durex : la vie des femmes (et des hommes) va s’avérer changer.
Oh miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle connectée ?
« Tout ce qui brille n’est pas de l’or » dit l’adage populaire. Cette vie rêvée pour les femmes comporte un ver dans le très beau fruit du monde connecté. Le tracking des données. Les objets connectés ont été inventés pour mieux comprendre les femmes et récolter des données dans leur moi le plus profond. Une fois les objets connectés utilisés, il n’y a plus de limites sur la connaissance du segment des femmes. Toutes les données sont récoltées dans les moments les plus intimes. Le sex toy connecté pourra comptabiliser le nombre de rapports sexuels que la femme aura à l’année et suivant le nombre, une entreprise lui enverra une publicité adaptée et ciblée par texto ou par email. Suivant les teintes de maquillages quantifiées de manières exactes en fonction des mois, la femme recevra une publicité saisonnière pour la dernière ligne de maquillage de terracotta. La crise actuelle a engendré une restriction budgétaire dans les entreprises rendant populaire les campagnes marketing créatives (tel que le street marketing) et utilisant la technologie (tel que le marketing digital). Pourquoi la technologie ? Un département marketing a besoin de connaitre les résultats chiffrés de sa campagne de pub. Il s’agit de savoir combien coûte une campagne et combien elle rapporte. En ce sens, l’objet connecté rassemble tellement de données qu’il permet le calcul d’un taux de conversion : le nombre de femmes qui vont acheter un produit ou un service suite à une publicité. Or, rappelez vous qu’une femme est exposée à 6 à 8000 messages publicitaires par mois. C’est sans compter sur les nouvelles publicités H&M qui vont apparaître sur l’armoire connectée alors qu’elle s’habille ou celle pour Chocapic sur le frigo intelligent. La connexion des objets et leur liaison sur internet va favoriser l’émergence d’un système de big data proche du livre 1984. De là à parler d’une future manipulation des consommatrices. Il n’y a qu’un pas. Alors miroir connecté : qui est la plus belle ? Celle qui achètera le plus, sans nul doute.
Marcel Saucet, docteur en marketing est l’auteur de « Street Marketing » edition 2, la rue et les objets connectés édité chez Diateino en novembre 2014. Il est professeur à l’université de San Diego et intervient à l’université d’Harvard aux USA. Il est également le manager de l’agence LCA street marketing™ (www.lcaconseil.net)The post Mesdames : souriez, vous êtes ciblées par un objet connecté ! appeared first on Womenology.
